Basta

Basta Pancrace. La transcendance est dans le trou. Fabuleux cafouillage
de branchies enchevêtrées, il faut arrimer, réamorcer, monter
descendre,encore monter, descendre jusqu’à la mer. Débauche de
turbulence dans les bas fonds. Un sourire avorté et c’est une tonne
d’incompréhension séculaire. Résurrection, ouverture de lumière entre
les branches, jour suspendu à l’attente. Cri de soleil à travers les
barreaux et tout replonge pétard de Brest dans les conversations
aigres-douces. Fourmillitude derrière les pôles.

Au revoir, à bientôt chandelle claire.

L’immansuétude

L’immansuétude au sortir des bois
Revirement de l’abécédaire pris de folie
L’hiver les limaces hibernent
L’oseille n’a pas de trous
Insondables grimoires à l’odeur d’enterrement raté
Des livres épars feuillettent leurs pages usées
Et les langues mortes stagnent comme un pourboire abandonné sur le comptoir
D’un coup un violent bris de glace libère ses grimaces
Alors les chandelles époustouflées se mettent au garde à vous
Au delà plus rien ne bouge, pas même le silence

Retournons nous en à pied.

Une femme

Deux bras blancs autour d’une tête noire. Une barque noire sur l’écume
blanche navigue hardiment en liesse. D’où viennent ces cloches qu’elle
entend sinon des profondeurs de la forêt? Souffle stoppé, mains
attentives, oreille aux aguets, elle aspire à je ne sais quoi. Le vent?
Non, à une légère brise, à la caresse intense des odeurs. Le charme est
là, englobant pieds, reins, jusqu’à la chevelure. Le jour descend,
bientôt le frémissement de la nuit. Quelle aubaine ce repos! Sa tante
qui s’est cassé le pied n’avait cessé de gémir toute la journée. Piètre
courage! Et elle, regarde la lune arquée à son premier quartier, elle
flambe de joie, resplendit de bonheur. Elle n’était pas partie pour
revenir, surtout pas chez sa tante.

feuilles volantes

 

Je ne veux pas voir monter l’équivoque sur un fil à nu
Tandis que s’entre’gredinent les gredins de basse classe
Qui font grincer des dents l’archer cosmique.

_______________

Le pré s’inscrit en parallèle
Dans mon inconscient debout
Tant même que l’écart
Ne rapportera pas une rondelle.
Si la ficelle se tord
Ne surtout pas remettre
Le tordu à l’endroit.

 

textes du 17 06 92

mal être du chanvre

Mal être du chanvre dans les chemins creux de l’oubli
Passementerie paisible des passiflores au bord d’un étang
La femme vadrouilleuse au lieu de filer sa quenouille
Arpente ses ans avant qu’ils ne soient clos
L’autre repeint ses dents, qui porte un caleçon troué
Un autre étourdi de surprise rebondit jusqu’au faîte de l’arbre
Coi, à califourchon sur la branche.
Un arlequin miniature noie son image dans un miroir géant
Loin, au loin l’orage gronde furieux
Derrière le navire, le sillon
Derrière le sillon un autre navire
Et ainsi s’ensuivent
Ainsi s’ensuivent

Le songer

Avec qui habites tu ? J’habite avec mes songes.
Où habites tu ? J’habite dans mes songes. Ma demeure est vaste.
Lorsque je suis empêchée de songer, je meurs. Le songe est indispensable au poème. C’est aussi simple et aussi difficile que
cela: du repos, du vide et mon antre!
ajouter, avoir mangé suffisamment, pas trop non plus, m’être allongée
suffisamment, sans aucune distraction, rideau trois quart tiré, lampe éteinte.
Et, laisser venir, c’est là que l’état de concentration se réalise le mieux.
Que j’aimerais, avec un guide phonétique, pouvoir transcrire dans une langue qui se dessine!

Etrange bouche

Etrange bouche

où l’ombre des souterrains

attire l’œil noir du squale

étrange bouche

qui pâlit à l’approche de l’aube

et tous les étrangers s’enfuient sans oser maudire

s’enfuient vers les coulées vertes

où rebondit le cri des chacals

                                    étrange bouche

                                    qui ose au fond des étangs

                                    béer de fièvre

                                    qui seule apeure

                  les mains inexpertes affolées de givre

            …étrange fleuve au ressac d’amours mortes

            l’œil noir des souterrains attire le squale

      -l’aube pâlie

            par les fugacités des mousses peu vêtues-

           

 La chambre ouvre sa gueule

                        et le silence

                              claque sur les ailes des matamores

      Aïe

            la fenêtre a basculé tous gonds rompus

            ivre des cloches

ivre des salines équinoxes

piètre moment pour la sérénade

piètre moment pour le goitre des larmes

rançon soldée sur le reflet des quais