Le songer

Avec qui habites tu ? J’habite avec mes songes.
Où habites tu ? J’habite dans mes songes. Ma demeure est vaste.
Lorsque je suis empêchée de songer, je meurs. Le songe est indispensable au poème. C’est aussi simple et aussi difficile que
cela: du repos, du vide et mon antre!
ajouter, avoir mangé suffisamment, pas trop non plus, m’être allongée
suffisamment, sans aucune distraction, rideau trois quart tiré, lampe éteinte.
Et, laisser venir, c’est là que l’état de concentration se réalise le mieux.
Que j’aimerais, avec un guide phonétique, pouvoir transcrire dans une langue qui se dessine!

Etrange bouche

Etrange bouche

où l’ombre des souterrains

attire l’œil noir du squale

étrange bouche

qui pâlit à l’approche de l’aube

et tous les étrangers s’enfuient sans oser maudire

s’enfuient vers les coulées vertes

où rebondit le cri des chacals

                                    étrange bouche

                                    qui ose au fond des étangs

                                    béer de fièvre

                                    qui seule apeure

                  les mains inexpertes affolées de givre

            …étrange fleuve au ressac d’amours mortes

            l’œil noir des souterrains attire le squale

      -l’aube pâlie

            par les fugacités des mousses peu vêtues-

           

 La chambre ouvre sa gueule

                        et le silence

                              claque sur les ailes des matamores

      Aïe

            la fenêtre a basculé tous gonds rompus

            ivre des cloches

ivre des salines équinoxes

piètre moment pour la sérénade

piètre moment pour le goitre des larmes

rançon soldée sur le reflet des quais